Novacorpus – histoires de tourisme médical qui finissent bien
Depuis 2008, Novacorpus a envoyé des milliers de patients à l’étranger. Dans l’immense majorité des cas, tout se passe très bien. Les deux histoires ci-dessous (qui représentent donc moins d’un cas pour mille patients) montrent que la médecine est parfois cependant pleine de surprises… Le cas d’une greffe de cheveux et d’une augmentation mammaire.
De substances illicites vous ne prendrez pas
Vendredi après-midi, 2013. Le moment de la loi de Murphy des médecins : c’est toujours le vendredi après-midi, quand tout le monde commence à partir en week-end, que toutes les complications se produisent, soit au pire moment.
Et ça ne manque pas: un de nos patients est parti à Istanbul, pour une opération de chirurgie esthétique, une greffe de cheveux. Son chirurgien m’appelle, un peu paniqué, pour m’expliquer que le patient semble s’être fait arrêter par la police et qu’il vient de l’appeler à l’aide. La cause du délit : « entrée sur le territoire en possession de drogue ». Aïe, ça risque de lui coûter cher à notre malheureux patient.
Le pauvre chirurgien ne sait pas quoi faire et me demande conseil. Je partage sa crainte de conséquences lourdes. Après plusieurs tentatives, toutes infructueuses, de joindre le patient, son ami qui l’accompagne et le poste de police, il devient clair qu’il faudra attendre le lundi pour en savoir plus. Curieux hasard du tourisme médical quand un médecin devient intermédiaire entre la police et un prévenu.
Nous passons donc tous un week-end un peu stressant. Comment en est-on arrivé là ? Nous faisons tout pour que nos patient soient en sécurité, informés en détails tant sur l’opération que sur le pays dans lequel ils vont aller (des dizaines d’heures de téléphone, de rencontres et d’emails) mais comment prévoir un cas pareil ? Désormais, c’est toute l’organisation que nous avons mise en place pour notre patient qui est en jeu.
Des conséquences inattendues
Finalement, ce patient se fera opérer dans un autre pays mais les conséquences financières seront lourdes, notamment pour le chirurgien qui se retrouvera à avoir réservé un bloc opératoire sans pouvoir opérer (et à devoir payer de sa poche cette réservation).
Envie de shopping pressante, augmentation puissante
Dimanche. Printemps 2014. Un de nos chirurgiens nous appelle. Il est assez fatigué car il a passé la nuit au bloc opératoire en urgence. Que s’est-il passé ?
Notre patiente, venue pour une augmentation mammaire a été opérée avec succès le vendredi précédent. Tout s’est bien passé, la patiente est satisfaite, le chirurgien aussi et il la reverra le lendemain. Samedi, la patiente peut sortir de l’hôpital car elle se remet bien mais le chirurgien insiste. Il est très très important de se reposer à l’hôtel, accompagnée par son ami, car elle vient d’être opérée et, non, il n’est pas question d’aller visiter la ville, c’est bien trop tôt. La patiente accepte à contrecœur. Après tout, si elle est là, elle aimerait quand même bien en profiter pour visiter des monuments mondialement connus et faire du shopping. Oui mais non, ce sera pour une autre fois.
Au moment où elle va partir, les infirmières rappellent le chirurgien, elles semblent sûres que la patiente ne va pas aller à l’hôtel mais bien s’en aller faire chauffer sa carte de crédit. Nouveau sermon du chirurgien car il est très prudent : elle a été opérée la veille, elle doit absolument se reposer, il y a des risques inconsidérés à aller se promener et marcher longtemps sans parler des risques de chocs sur sa poitrine qui pourrait avoir des conséquences graves. Bien, bien, la patiente reconnaît qu’elle ne voulait pas aller à l’hôtel mais dit qu’elle va y aller. Le chirurgien lui donne rendez-vous le lendemain matin pour le contrôle suivant.
Appel au milieu de la nuit
La journée passe, la soirée arrive puis la nuit. 3h du matin, le téléphone du chirurgien sonne dans l’obscurité : c’est la patiente, elle a mal aux deux seins qui ont grossi (au-delà de ce qui était attendu…). Le chirurgien lui demande de venir à l’hôpital immédiatement et s’y rend donc lui aussi. Au premier examen, il constate que les seins ont fortement augmenté de volume par rapport au matin précédent en raison d’un saignement important. Il n’y a pas d’autres solutions que de réopérer la patiente pour corriger le problème. Le chirurgien passe alors plusieurs heures au bloc opératoire, au milieu de la nuit, pour arrêter les saignements. Il y parvient et la patiente est tirée d’affaire. En larmes, elle lui explique alors qu’elle ne l’a pas écouté, qu’elle a quand même été visiter la ville et faire les magasins.
Pendant 9h de suite, elle a marché des kilomètres en pensant que son jeune âge la protègerait et ne s’est pas reposée à l’hôtel. Au début tout allait bien puis les premiers symptômes sont apparus dans la soirée. A 3h du matin, n’en pouvant plus, elle l’a appelé.
Il n’y a pas de petite opération
Il est frappant de voir que les médecins ont perdu de leur aura et certains patients (heureusement une infime minorité) n’écoutent plus leurs recommandations. Nous devons de plus en plus décourager des patients qui pensent que se faire opérer est un peu comme d’aller au supermarché (une expérience commune et banale). Heureusement, ce cas s’est bien terminé. Ce fut d’ailleurs le seul cas de saignements après une telle opération nécessitant une 2ème intervention sur 10 ans d’activité. Il rappelle l’importance de l’information à donner aux patients sur les risques de chaque chirurgie (mais qu’aurait pu faire de plus notre chirurgien dans ce cas, lui qui, à plusieurs reprises, avait expliqué à la patiente les dangers de son projet touristique ?).
Le secret: être prudent et disponible
Étant médecin, j’ai toujours mis l’accent sur le côté médical de notre activité et sélectionné des chirurgiens et des dentistes prudents: informer un patient (et ne pas hésiter à redonner une information qu’il aurait pu oublier) et lui rappeler qu’il y a des risques et que la première mesure qui limitera les risques au maximum est de suivre les indications du médecin à la lettre. L’immense majorité de nos patients le font, ce cas fut une exception, un peu caricaturale et pourrait d’ailleurs se produire tout aussi bien chez nous. La disponibilité de notre chirurgien au milieu de la nuit a permis de résoudre le problème à temps.
Dr. Stéphane de Buren
Directeur et fondateur de Novacorpus